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Ateliers d'écriture tous les lundis de 18h30 à 20h30 à La Compagnie du Rouho au 93, rue de Larmor, à Lorient
Contact : Joël Gentric 07 62 24 60 99

case ateliers écriture

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21 octobre 2011

à Lorient, le 04/09/11

Je croyais que ce genre de texte n'était plus convoitable dans notre situation, qu'il n'était pas souhaitable d'échanger des propos aux tournures si extraordinaires. Mais, si c'est le cas, que l'on me donne tout simplement les noms et références du poète vers qui on a eu soin de m'orienter. Si, au contraire, c'est une erreur, je reformule mon souhait d'accéder à un langage plus simple, de tous les jours, varié et dégagé des obligations métriques et rimiques. Si le débat n'est pas tranché, qu'on retourne dans les amphithéâtres et les classes pour en discuter. 

Je m'explique. Comprenant que l'on apprend mal son devoir dans les livres, j'ai proposé un nouveau langage. C'est une forme d'idiome qui aspire au langage du devoir et comme il n'est pas accessible pour moi en ce moment, j'ai cherché à l'espionner par un procédé d'écriture. Le devoir n'est pas une forme harmonieuse, mais une réponse immédiate à une situation urgente, ou une réponse provisoire à une circonstance précaire. Il va de soi qu'il emprunte alors un langage de tous les jours, il n'est pas prévu par les lois de la poésie mais par les lois pratiques, contingentes, liées à la réalité. Si l'humanité aspire à remplacer les hommes de devoir par des poètes, cela nécessitera certaines transformations dans le monde, à commencer par la vitesse. On ne pourra pas introduire dans les conversations quotidiennes des fragments de poèmes, sans prendre le temps de les entendre. Car les hommes de devoir, eux, n'hésitaient pas à parler sans être entendus. Voyez les apostrophes, les répétitions, les exclamations, les phrases méprisées dans l'inachèvement, les repentirs, les confusions, les bégaiements dans le bain des jours qui coulent, leurs courses hâtives après l'oreille attentive, leur piétinement devant la mauvaise foi, leur envolée lorsque cela s'impose. il n'y avait pas place alors pour la réflexion intangible, la méditation, la contemplation. Il fallait répondre vite et bien à une situation de crise, donnée, non choisie. Alors si nous proposons la poésie comme réplique, il faudra accepter les lenteurs de compréhension, les maladresses de diction, les réponses promises pour plus tard, les projets à longs termes. On conseillera un petit carnet et un stylo à conserver toujours sur soi, comme pour le randonneur un couteau suisse ou une gourde indispensable. Il faudra laisser un peu les spectacles de vitesse et retourner aux musées et dans les bibliothèques. Les gens reprendront les correspondances épistolaires, la lecture, le chant. On ne paiera plus par carte bleue mais par chèque. On fera des factures dans les magasins plutôt que de délivrer le seul ticket. On arrêtera de donner des gifles pour faire des malédictions dont la formulation aura été travaillée au préalable sur le papier. On reprendra les ferries pour des croisières interminables pendant lesquelles on fera des ateliers d'écriture. On finira les textes commencés, les livres entamés; on entreprendra des recherches dans des encyclopédies, dictionnaires, et on prendra le loisir de s'expliquer, non pas en temps qu'êtres humains, mais en temps que poètes.                   

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