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Dessins en caractères
Ateliers d'écriture tous les lundis de 18h30 à 20h30 à La Compagnie du Rouho au 93, rue de Larmor, à Lorient
Contact : Joël Gentric 07 62 24 60 99

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20 janvier 2012

à Lorient, le 2/11/11

Je te remercie de lire ces pages que j'ai écrites. Ces lignes ne sont plus guère parcourues. On leur préfère les paragraphes au début de l'ouvrage.

 

                                                             ***

 

Les années passèrent. Le village n'était pas impossible.

 

                                                              ***

 

"Tu pensais trouver la maison vide. Tu ne t'attendais pas à me trouver bien à cette heure. "Quelque part en ville à chercher la rencontre de sa vie." pensais-tu. Eh bien non. Je suis là. Tu pensais que l'après-midi allait se passer à ne rien faire de précis; en tout cas, pas à faire ce courrier sans lequel A et B ne peuvent pas décider de leurs faits et gestes. Tu n'as pas ton sac avec tes affaires: stylos, carnet d'adresses, machines à calculer? Ce n'est pas grave: on fera sans! J'ai une feuille et un crayon à papier. 

- Que veux-tu que je fasse? demanda C. d'un ton fatigué.

- Tu as deux minutes pour réaliser un portrait de ton agresseur avec ce crayon à papier, lui répondit-elle en lui tendant une feuille vierge."

De toute évidence, notre homme n'était pas disposer à obtempérer.

- Contre mauvaise fortune, bon coeur, lui asséna son interlocutrice.

Il prit la feuille et dégagea le bord de la table pour pouvoir dessiner. En repoussant les affaires, il renversa une tasse vide qui sonna contre la cruche. Devant son air alerté, elle lui confirma que personne n'était à côté, qu'il n'avait rien à craindre. Il s'assit... Et dessina, du mieux qu'il put, un visage qu'il était sûr de n'avoir jamais croisé. De quoi se mêlait cette bécasse? Non. Il allait lui montrer un visage qui créerait la confusion dans ses recherches: une fausse piste. Il ne voulait plus qu'elle cherche un être parce que cet être l'aurait dispensé de sa véritable tâche qui était de peindre. Le faux visage fut rapidement esquissé mais de manière suffisamment réaliste pour qu'elle crût reconnaître quelqu'un: "D! C'est D! Le propriétaire du T2 en bas de la rue E." C confirma en hochant la tête qu'il s'agissait effectivement de son agresseur. Sans doute avait-il des scrupules à diriger les recherches vers cette personne probablement innocente, mais devant la pression extraordinaire de cette femme hors du commun était-il possible de faire autrement? Non, non. Ce à quoi C n'avait pas pensé, c'est que cette femme allait découvrir la supercherie et qu'elle reviendrait lui en demander des comptes. Il devait lui dire la vérité.

    "Qu'y a-t-il C? demanda F.

- Ce portrait ne représente personne de ma connaissance. Je l'ai tracé en voulant te faire une blague. Pour que tu cherches à côté.

- Pourquoi?

- Parce que je veux que tu restes à la maison! (Il n'osait pas encore lui dire qu'il voulait qu'elle peigne. Dans sa tête, "bécasse" empêchait tout débordement affectif. Il avait été loin dans l'offense et son orgueil le retenait de revenir sur le terme bizarre de sa pensée. Mais le bec et les ailes commençaient de lui pousser sur le dos et la face, aussi regrettait-il d'avoir lancé ce nom d'oiseau. Il avait par contre été extrêmement gauche de proposer "la maison" à cette femme. La porte avait déjà claqué, qu'il tentait de se justifier pour la faire revenir. 

    Trop tard!

 

En décachetant l'enveloppe, C reconnut l'écriture de F. Il déchiffra tant bien que mal cette suite illisible de mots dont elle avait le secret: "On ne regrette pas les noms d'oiseaux qu'on lance aux femmes dans la chaleur d'une explication à soi-même. On approfondit. On souligne en s'exclamant à haute voix ou on annonce par un clin d'oeil que ce n'est qu'un début! Alors que suis-je après cela? Autruche? Pintade? Gelinotte? Bartavelle? Tourterelle? Mouette? C'est cela, une mouette! Ou un autre volatile? Une grande perruche à longs brins?"

  Il n'en lut pas plus. Elle ne pouvait pas peindre dans l'état où elle se trouvait. Il fallait la faire revenir à la maison, sans lui en parler. 

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