à Lorient, le 21/05/12

La littérature n'a jamais glorifiée qu'elle-même. Du coup, le sujet non seulement importe peu mais est retors en proposant des thèmes à la lecture. Toute l'éducation se concentre là-dessus. Se désaveugler du sujet, pour s'émerveiller sur la manière. Les pleurs sont souvent dus à ce que l'on n'a pris en compte que le sens. Les joies sont souvent dues au dépassement: l'enfant a réussi à passer outre la réalité pour accéder à la subtilité de la préciosité. L'écriture est le seul moyen de ne pas finir frustré devant cette auto-glorification. Si elle n'apporte pas la gloire personnelle, du moins une gloire littéraire compensatrice. La lecture montre seulement comment le texte s'est tiré des angoisses qui naissent au moment de l'écriture. Si l'on ne fait que lire, on tombe dans le complexe d'infériorité: le texte ne cesse de se sortir d'impasses qu'il s'est créées pendant que nous perdons notre sang et nos réflexes à le lire. En prenant la plume, nous nous offrons de nouveaux soucis que nous nous invitons à ruiner par l'habileté de l'écriture. Un écrivain travaille pour la littérature. S'il termine son oeuvre, il n'aura fait que de passer entre les piques qui ponctuaient ses propres développements. La littérature n'est pas une terre promise. Elle est cependant à gagner. Nous ne nous sommes pas faits avoir avec les écrivains, juste berner. Et, eux-mêmes, n'ont pas pu se trahir complètement, puisque la fête créatrice ne peut s'interrompre et relève tout le monde.

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Avez-vous vu quelqu'un fonctionner avec deux ou trois mots pendant trois ans sans finir par décoller un jour avec quatre, cinq, trente, cinquante mots? Moi, non.