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Ateliers d'écriture tous les lundis de 18h30 à 20h30 à La Compagnie du Rouho au 93, rue de Larmor, à Lorient
Contact : Joël Gentric 07 62 24 60 99

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9 novembre 2011

à Lorient, le 25/09/11

Les portes claquèrent et les mômes aussitôt gagnèrent l'orée du bois en courant. Les deux couples se rejoignirent de l'autre côté de la 2CV. et d'un pas plus lent, se mirent à suivre les enfants en souriant jaune. Leur inquiétude fut à peu près dissipée lorsque des branches furent ramassées par les garçons pour racler la mousse sur l'écorse des trois bouleaux qui poussaient en contrebas du sentier. Ils ne tardèrent pas à prendre du retard: ils s'arrêtaient à chaque bouquet d'arbres. Ils furent rappelés bientôt par les deux mamans qui tournaient à droite, à gauche, leurs regards, sans les trouver. 

"On arrive!" crièrent-ils en appuyant longtemps sur le i de "arrive". Déjà le groupe s'engageait sur un tout petit pont de bois qui passait sur un ruisseau. Les enfants se précipitèrent d'abord en tapant du pied sur les planches du pont, puis les parents suivirent sans faire de remarque cette fois. "On ne peut pas intervenir à chaque incartade." marmona André dans sa barbe. Bernard souriait: le mot "incartade" était un demi-aveu. En effet, lorsque les enfants, descendus de voiture, s'était précipités sur les bâtons, le front d' André était le seul à être resté froncé. Bernard savait que, jeune, André avait eu des ennuis avec deux camarades de jeu en cours d'escrime au village de Cadours. L'affaire s'était arrangée dès que le plus vieux camarade avait été rappelé par son père, mais le ton avec lequel s'était déroulé la conversation, très brève au demeurant, n'avait pas laissé André complètement serein, comme Bernard en avait été témoin à l'époque. Et cette épisode avec les enfants avait rappelé à la mémoire des deux pères, ce souvenir de l'adolescence. Bernard ramassa une branche à sa droite et l'offrit à André en lui disant: "Les frères Daniel (c'étaient les deux copains qui l'avaient attaqués à l'escrime) font du cinéma maintenant."

André fut un peu troublé par la brusquerie de Bernard; mais eut le sang froid de s'emparer de la branche et de répondre aussitôt: "Cela ne m'étonne pas, l'aîné était toujours fourré au Cinétoile, le cinéma de quartier du village.

- Mais qu'il aie entraîné avec lui son frère cadet, cela ne te paraît pas surprenant? Le deuxième était toujours enfoui dans ses livres. Ils ne se supportaient pas.

- C'est faux! Lorsque la fanfare s'est formée à l'école, ce sont eux deux qui se sont chargés de l'affichage et de la page d'accueil sur le site de l'ordinateur.

- Oui. Mais, le premier geste que ... " La conversation fut interrompue car le groupe de marcheurs arrivaient maintenant à la fontaine promise aux enfants en voiture.

"Attention les enfants!" rappelèrent les mères aux deux plus petits qui s'étaient poursuivis autour du lavoir. Les aînés étaient loin derrière et arrachaient des joncs à pleines mains pour faire des bracelets tressés. La fontaine avait des feuilles mortes qui flottaient ça et là à la surface et les enfants, amusés par leur décomposition, les soulevèrent avec leurs bâtons pour les poser hors de l'eau sur les pavés du bord. L'eau n'était éclairée que par moments, lorsque le soleil perçait entre les branches des châtaigniers encore feuillus, brassés par le vent. Le reste du temps, il renvoyait l'image des enfants penchés, les mains sur les genoux, vers le miroir limpide. Le sentier se terminait par une côte assez importante, mais dont le serpentement permettait de reprendre son souffle à chaque lacet. Les deux hommes que l'épisode de la fontaine n'avaient pas arrêtés, avaient continué et leur marche et leur conversation. Celle-ci roulait maintenant sur le garage d'Edouard qui fermait tout le mois d'août pour travaux. Ils ne comprenaient pas que Félix s'obstine à rester dans le quartier depuis le départ de Georges. Cela leur fit faire une pause assez longue au premier lacet, ce qui eut pour conséquence leur dépassement par le reste du groupe: les femmes, qui parlaient maintenant couture, puis les enfants qui poussaient des cris d'oiseaux cette fois. Lorsqu'ils repartirent, le sort de Félix leur paraissait clair: il faisait l'erreur de sa carrière en ne travaillant plus avec Georges que les jours feriés. 

"Tu te rassures en pensant cela, André, lui dit sa femme en ralentissant et reprenant son souffle au second talus. Tu es aussi bête que lui en ne contactant pas Félix les jours où tu as besoin de lui au travail.

- Mais, répondit-il.

- Ne dis pas mais! Tu sais bien que j'ai raison. Et Bernard le sait aussi. Vous étiez les plus raisonnables du groupe avant que Harry n'arrive. 

- Harry n'a jamais posé d'ultimatum à nos fantaisies. C'est Georges qui a dit qu'on ne pouvait pas continuer."

Ils arrivèrent aux voitures, ce qui mit un terme temporaire à leur débat. Les femmes, qui voyaient que tout n'avait pas été dit, proposèrent un thé, ce qui fut accepté volontiers, d'autant plus que les enfants commençaient à s'énerver. Quelques secondes plus tard, les deux voitures disparaissaient dans le tournant de l'allée aux platanes espacés.     

                   

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Commentaires
M
Merci d'avoir tenu compte de ma remarque : j'ai mieux suivi le dialogue et donc plus apprécié l'écriture. J'ai encore du mal, puis-je te l'avouer ?, avec les derniers prénoms qui s'ajoutent en fin de texte. C'est volontaire, je sais bien, mais veux-tu signifier quelque chose avec cette arrivée de nouveaux personnages encore inconnus ? amicalement.
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M
Je viens seulement de lire ton texte ; il me plaît beaucoup et les analyses me semblent très fines. Ce qui me gêne un peu, mais je sais que c'est important pour toi, c'est que les personnages soient représentés par des lettres. Je n'ai pas l'agilité nécessaire pour bien suivre. A quand la suite ?
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